PARIS, SAMEDI 14 SEPTEMBRE 2013.
Malgré l'interdiction d'une
manifestation de soutien à Esteban, le jeune homme soupçonné d'avoir
provoqué la mort du militant antifasciste Clément Méric en juin dernier à
Paris, des incidents ont émaillé la journée de samedi. Neuf militants
antifascistes ont été interpellés et placés en garde à vue dans
l'après-midi après avoir lancé des chaises dans un café du XVe
arrondissement.
Cette semaine, des groupes d’extrême droite avaient appelé à manifester via une campagne d’affichage et sur les réseaux
sociaux. Esteban, soupconné d’être l’auteur du coup de poing mortel sur
Clément, avait fait savoir qu’il ne voulait pas de ce soutien. Mais le
préfet de police, pressentant «de sérieux risques d’affrontement» entre
ces groupes d’extrême droite et les antifascistes, indignés par cet
appel, avait interdit plusieurs manifestations mercredi.
Des
groupes anti-fascistes avaient bien l'intention de défendre la mémoire
de Clément Méric alors que leurs adversaires entendaient soutenir le
principal suspect dans cette affaire, un jeune skinhead de 20 ans,
Esteban Morillo.
Deux autres manifestations, sans lien direct
avec les premières, avaient également été interdites car susceptibles
«de provoquer des affrontements» entre des militants antifascistes et
d'extrême droite : l'une de l'association anti-avortement «Sos
tout-petits», l'autre à l'appel du mouvement anti-islam Riposte laïque.
Toute la journée, la rue Caumartin
(IXe arrondissement), ainsi que les abords de Denfert Rochereau et de
la station de métro Duroc, les trois lieux de rassemblement prévus, sont
restés sous haute surveillance policière, un «dispositif disuasif». Les
forces de l’ordre ont dispersé sans heurts les quelques manifestants
d’extrême droite arrivés malgré l’interdiction en début d’après-midi. Un
seul a été interpellé à la station Duroc à 14 heures. «L’individu
refusait de partir et portait un sac à dos remplis de fumigènes»,
indique une source policière.
Dans le café du XVe
arrondissement, «il n’y a pas eu de bagarre à proprement parler, résume
la même source. Les jeunes antifascistes ont lancé les chaises et se
sont enfuis aussitôt. Grâce au dispositif policier et à la vidéo surveillance, on les a retrouvés». Ce samedi soir, les quatre endroits restaient sous surveillance policière.
Clément
Méric, jeune étudiant de Sciences po, avait trouvé la mort le 7 juin
rue Caumartin (IXe). Le principal suspect, un skinhead de 20 ans,
Esteban Morillo, a été écroué et mis en examen dans cette affaire après
avoir reconnu avoir frappé la victime. Début août, un autre skinhead de
20 ans, Samuel Dufour, aussi écroué, a été mis en examen pour «violences
volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» dans
cette affaire.Les enquêteurs s'emploient à déterminer les circonstances
exactes de la bagarre. L'autopsie avait démontré que l'étudiant était
mort des suites de plusieurs coups qui lui avaient été portés, et non du
choc contre le plot métallique sur lequel il était tombé.